Qu’appelle-t-on « savon sans savon » ?

Sous le terme paradoxal de « savon sans savon » se cache un nettoyant solide au pH neutre, plus doux pour la peau. Un pain dermatologique, selon la terminaison correcte, nettoie l’épiderme sans l’agresser pour éviter sécheresse et inconfort. Les nouvelles générations de nettoyants solides offrent même souvent une composante écoresponsable.

Qu’est-ce qui caractérise un savon ?

Le savon est le résultat du processus de saponification, une réaction chimique durant laquelle un corps gras entre en interaction avec une base minérale. La base minérale peut être de la soude, auquel cas le savon obtenu est solide, ou de la potasse, auquel cas il est liquide. Quelle que soit sa composition, le savon ne désigne pas une forme, mais le résultat du processus. Sans saponification, il ne s’agit pas de savon.

Ce procédé ancestral est attesté dès l’Antiquité. Au fil des siècles et des nouvelles normes d’hygiène, il occupe une place prépondérante tant au niveau corporel que ménager : sa polyvalence en fait un incontournable pour nettoyer la maison aussi bien que le corps, le visage ou les cheveux. Aujourd’hui encore, certains savons sont d’ailleurs considérés comme les incontournables du ménage écologique, du savon de Marseille jusqu’au savon d’Alep.

Pour ce qui est du corps, en revanche, le savon perd du terrain puisqu’il possède un pH différent de celui de la peau. Le processus de saponification qui définit le savon traditionnel lui confère un pH de 9 à 11, alors que la peau est un milieu légèrement acide dont le pH se situe entre 5 et 6. Lorsqu’un savon basique entre en contact avec la peau acide, leur interaction peut altérer la barrière protectrice cutanée, le film hydrolipidique. Sécheresse et irritations peuvent alors apparaître sur les peaux les plus sensibles.

Pourquoi parle-t-on de « savon sans savon » ?

C’est pour remédier à cette problématique que le « savon sans savon » est né. Le plus souvent solide comme un pain de savon, ce nettoyant fait appel à d’autres tensioactifs, ou molécules détergentes, que ceux qui résultent de la saponification. Cette association de synthèse permet au « savon sans savon » de disposer d’un pH d’une valeur dite intermédiaire (7), plus proche ou similaire à celui de la peau. Il permet donc de mieux la préserver en conservant le film hydrolipidique intact (lire « Les avantages des nettoyants au pH neutre »).

S’il est couramment utilisé, le terme est pourtant incorrect. Il désigne un nettoyant qui n’est pas issu du processus de saponification… et qui n’est donc pas un savon. Il s’agit en fait d’un pain dermatologique ou syndet. On parle de « savon sans savon » uniquement par abus de langage, le terme étant paradoxalement mieux compris et perçu par un grand nombre de consommateurs.

De quoi est composé un nettoyant solide ?

Le « savon sans savon », ou syndet, utilise des tensioactifs, ou agents lavants, qui ne sont pas issus de la saponification et dont le pH est plus proche de celui de la peau. Ils sont associés à des éléments nourrissants, le plus souvent des huiles végétales pour les formules naturelles.

Les nettoyants solides se caractérisent aussi par le fait qu’ils ne contiennent pas d’eau, contrairement aux formules liquides. En conséquence, ils permettent d’économiser des ressources à la fabrication, de limiter les emballages et les déchets, d’éliminer ou de réduire les conservateurs. Ce alors même qu’ils coûtent moins cher et durent plus longtemps !

Et le savon surgras ?

Un savon surgras est un savon enrichi en agents surgraissants (huiles végétales, beurres végétaux, etc.) dans le but de compenser l’effet desséchant du savon traditionnel. Quelle que soit la quantité de corps gras qu’il contient, il s’agit malgré tout d’un savon, dont le pH est basique (8 ou 9). Rappel : Le pH mesure l’acidité sur une échelle de 0 à 14 – un pH neutre équivaut à 7

Pourquoi utiliser un « savon sans savon » ?

Le rôle premier du fameux « savon sans savon » est de nettoyer la peau sans la déséquilibrer. Son pH proche de celui du film hydrolipidique évite l’effet desséchant du savon traditionnel, expliquant pourquoi il est largement recommandé pour le soin des peaux sèches, sensibles, réactives ou atopiques.

Il est également préconisé en cas d’eczéma, de dermatite et de réactions allergiques, mais aussi pour les peaux grasses ou acnéiques qu’il purifie sans décaper.

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